Une nouvelle affaire vient d’éclabousser encore l’Église, et une fois de plus c’est une communauté nouvelle qui est concernée. Un audit interne des Foyers de Charité révèle que leur cofondateur, le Père Georges Finet, se serait rendu coupable d’attouchements sexuels pendant près de 40 ans. On imagine mal les responsables des Foyers renverser la figure tutélaire de leur cofondateur sans de très solides arguments.
Après Jean Vanier et tant d’autres avant lui, la succession des révélations tourne au cauchemar. Mais la conclusion d’un récent article de La Croix sur le sujet me laisse le plus perplexe. Marthe Robin, l’autre cofondatrice, y est en effet soigneusement épargnée. L’icône semble encore intouchable.
Peut-être me ferais-je brûler vif, mais j’ai énormément de mal avec cette figure. Pour tout dire – et je suis navré d’avance car je sais que cela pourra blesser certaines personnes – Marthe Robin est le genre de figure qui provoque chez moi une envie irrépressible de fuir l’Église. Je dois régulièrement m’efforcer d’écarter la pensée de ce genre de personnes et de ce qui l’entoure.
Ce qui est le plus pénible, c’est l’impossibilité d’évoquer seulement l’existence d’un problème, sans qu’une armée vous tombe dessus en insinuant que c’est le diable qui vous tourmente pour contrarier les grâces reçues de cette si belle figure de sainteté. Et que le problème est évidemment chez vous, et surtout pas ailleurs.
Or les problèmes s’accumulent pourtant autour de Marthe Robin, d’une manière assez sidérante. Cette femme, dont on n’a cessé de nous vanter les qualité de discernement, voire les dons de prophétie, avait manifestement une capacité inouïe à accompagner les pervers. J’ai retrouvé dernièrement un vieil article de Famille chrétienne qui, avec du recul, prend une dimension assez effroyable.
Quand on y lit en effet la liste des « communautés avec qui elle s’est ainsi trouvée en rapport », c’est affolant : les Béatitudes avec Gérard Croissant, l’Arche avec Jean Vanier, la Fraternité monastique de Jérusalem avec Pierre-Marie Delfieux, l’Office culturel de Cluny avec Olivier Fenoy, La Communauté Saint-Jean avec Marie-Dominique Philippe… Tout ce que l’Église qui est en France a pu compter de fondateurs sulfureux semble s’être naturellement regroupé autour de la figure de Marthe Robin.
Le plus terrible est de lire dans cet article que « la prévision de Marthe se réalisa. Gérard Croissant (maintenant Frère éphraïm) et ses compagnons entrèrent dans le catholicisme sans que cela provoque un scandale. » Quand on sait ce qu’il est advenu du dénommé Gérard Croissant, c’est accablant… Bien sûr, on vient maintenant nous expliquer que Marthe Robin n’était pas du tout une voyante. Sauf que toute la cour autour d’elle, à commencer par le postulateur de sa cause, la tenait bien pour telle.
Signe ultime : le postulateur même de sa cause de béatification, Bernard Peyrous, s’est vu retirer sa charge, coupable de « gestes gravement inappropriés ». Décidément, jusqu’au bout, Marthe Robin aura exercé une bien sombre attraction.
La bienveillance catholique continuera peut-être de ne voir dans tout cela qu’une simple coïncidence, fort regrettable. Mais, par pitié, qu’on ne ne ressorte pas le couplet habituel de la sainteté qui attire les pêcheurs. Il y a un moment où ce genre de tartufferie commence à bien faire. Je ne sais pas d’ailleurs où en est la béatification de Marthe Robin, mais si ce n’est pas encore le cas, il est urgent de faire, disons, une certaine pause.
I have just read Céline Hayeau’s La Trahison des pères and I strongly recommend it for further information on Robin and the founders. I will be publishing a review of it.