L’été, ma banlieue se vide. Même cette année, le coronavirus n’a pas empêché les migrations estivales, même si les destinations ont sans doute changé. On se retrouve ainsi le dimanche dans une église bien clairsemée, avec quelques autres travailleurs pas encore partis ou déjà rentrés, délestés de leurs enfants envoyés au loin, et avec ceux qui n’ont pas trop d’ailleurs où aller – parmi lesquels beaucoup de nos aînés.
Cela se ressent sur nos liturgies pendant cette période. Les célébrations sont plus simples et prennent des allures de messes basses. Les annonces se limitent le plus souvent à quelques changements d’horaires. Les piliers qui assurent l’animation tout au long de l’année sont partis eux aussi, ou font une pause. Le relais est souvent pris par quelques anciens qui, à cette occasion, reprennent des chants qu’ils aiment.
Cette trêve estivale est la seule période de l’année où l’on entend à nouveau ces chants qu’on croyait oubliés depuis les années 80. « Laisserons-nous à notre table », « Dieu qui nous appelles à vivre », « Pain des merveilles », « Que tes œuvres sont belles »… L’été est la dernière revanche d’un répertoire très marqué (esthétiquement, liturgiquement, sociologiquement, théologiquement), balayé depuis des années par la production abondante des communautés charismatiques. Ce qui n’est pas sans poser d’autres questions, d’ailleurs. Il faudra que j’y revienne. Cela m’amuse de penser que nos chants actuels seront un jour démodés eux aussi, qu’ils paraîtront à leur tour affreusement marqués… et qu’ils ne ressortirons peut-être de la poussière qu’au moment des grandes vacances.
En attendant, je suis toujours touché par ces liturgies estivales simples, préparées sans prétention par les « vieux serviteurs » de la paroisse, qui sont effacés le reste de l’année mais dont la fidélité est sans faille et qui, souvent, sont les derniers à être encore là quand il n’y a plus personne. Le calme de l’été redonne sa place à un passé qui est toujours présent. Et c’est bien ainsi. Cela nous préserve de la tentation, que je vois poindre parfois, de suspecter les générations qui nous ont immédiatement précédés d’avoir failli dans la transmission de la foi. Sans doute y a-t-il eu des ruptures, c’est incontestable. Mais ceux qui sont là sont justement ceux qui sont restés et qui ont tenu dans des moments sans doute plus difficiles que ceux que nous connaissons.
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