La crise sanitaire conduit les différentes autorités à des décisions parfois assez inattendues. C’est ainsi que le diocèse de Sante Fe, aux États-Unis, a demandé à ses prêtres de limiter leurs homélies à cinq minutes, pas plus. L’objectif est de réduire la durée des messes à trente ou quarante minutes afin de limiter le risque de transmission du coronavirus.
Cela m’a fait sourire, en songeant que cela pourrait être compté au nombre des effets positifs de la crise. Bien des sermons sont trop longs, souvent par manque de préparation. Cela prend du temps d’être concis. J’ai lu à ce propos sur Facebook ce bon mot attribué à un vieux frère prêcheur : « À la messe les gens t’écoutent 5 minutes. À 10 minutes, tu prêches aux murs de l’église. À 15 minutes, il n’y a plus que le Diable qui t’écoute. » Pourtant, cette histoire est quand même assez désolante, à bien y réfléchir.
Tout d’abord, l’efficacité de cette mesure sur la transmission du virus me semble discutable. Surtout que réduire l’homélie à cinq minutes ne suffit pas à régler une messe en trente minutes. Il faudrait réduire, voire éliminer aussi les chants, les processions etc. Bref, ne plus faire que des messes basses, avec l’assistance réduite d’une messe de semaine.
Cette décision laisse l’impression de voir l’évêché de Sante Fe céder à une tentation qui s’est emparée de beaucoup de pouvoirs publics : celle d’ouvrir le parapluie. Prendre des mesures très concrètes et très visibles, pour qu’on ne puisse pas dire qu’ils n’ont rien fait, sans trop chercher à savoir si ce sont vraiment les mesures les plus adaptées. Avant d’abréger la liturgie, on pourrait déjà commencer par faire respecter les règles simples, comme le port – correct ! – du masque dans nos assemblées – ne serait-ce que par égard pour les fidèles les plus fragiles.
D’autre part, s’il est toujours souhaitable que les homélies soient concises, il est navrant qu’il faille une telle circonstance pour y repenser. Le pape François rappelait pourtant déjà dans Evangelii Gaudium (138) que l’homélie « doit être brève ». « Le prédicateur peut être capable de maintenir l’intérêt des gens durant une heure, notait le pape, mais alors sa parole devient plus importante que la célébration de la foi. » Ce récent rappel, ainsi que celui du Directoire sur l’homélie de 2015, n’ont pas eu d’effet perceptible sur les homélies que j’ai pu entendre. Pourquoi faut-il toujours attendre les contraintes pour faire, sous la pression de mauvais prétextes, ce que nous avons tant de mal à faire librement ?
Enfin et surtout, j’avoue mon incompréhension devant la sanction dont sont menacés les prêtres qui ne réussiraient pas à dominer leur bavarderie : rien de moins que de « perdre le droit de prêcher ». Ça ne rigole pas ! On aurait aimé que les autorités ecclésiales aient fait preuve d’une rigueur proportionnelle face à d’autres « abus » – des crimes, en l’occurence – dont certains prêtres se sont rendus coupables ces dernières décennies.
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