À chaque fois que j’entends l’évangile de la femme adultère, je suis toujours frappé par l’absence totale, dans le récit, de celui qui est pourtant fautif autant qu’elle : elle n’a pas commis l’adultère toute seule… Les pharisiens et les scribes tentent de faire porter le péché sur la femme seule. Et c’est Celui qui va vraiment porter seul tout le péché du monde qui la libère de toute condamnation.
La récit se termine sur une quasi contradiction qui est en fait d’une d’une force incroyable : « je ne te condamne pas […] ne pèche plus ». Jésus peut nommer le péché sans condamner. Ce que, malgré les formules ressassées sur le péché et le pécheur, nous avons tant de mal à faire. Peut-être parce que nous voyons à l’envers. Nous sommes prompts à dénoncer le péché avant d’essayer d’assurer qu’on n’en veut pas au pécheur. Alors que Jésus récuse d’abord la condamnation, ce qui lui permet ensuite de restaurer la femme dans sa liberté face au péché.
Mais l’absence de l’homme coupable n’est pas anodine. Elle nous révèle que les pharisiens et les scribes ne se soucient en fait ni de la femme, ni même la loi. En effet, si c’était vraiment l’application stricte de la loi qui les motivait, celle-ci les aurait conduits en premier à condamner l’homme (Dt 22,22). Mais ils se fichent en réalité de la loi de Moïse : celle-ci ne leur sert que de prétexte pour coincer Jésus (« Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve »). En fin de compte, la loi dont ils voulaient user à mauvaise fin révèle leurs propres fautes.
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